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Asti-Hebdo : Vous venez d'ouvrir une rubrique "recherche". Quel est son objectif, par rapport à votre lectorat, c'est à dire le professionnel de l'informatique ?
François Jeanne : Nous parlons à des professionnels, qui achètent des produits pour une mise en oeuvre immédiate. Nous hésitons toujours à leur parler de technologies qui ne sont pas disponibles, qui ne le seront peut-être jamais. Mais il est de notre devoir (et de notre plaisir) de les avertir, de leur montrer que les grands fondeurs de circuits, par exemple, continuent de progresser en suivant la loi de Moore.
Nos lecteurs ne sont guère enclins à la rêverie. Dans l'entreprise de l'après An 2000, non seulement on n'a pas droit au rêve, mais encore il faut faire oublier les déceptions créées par des espoirs trop grands mis dans les machines, dans les logiciels. J'ai bien connu, personnellement, la grande époque de l'IA. Il y a eu échec, c'est surtout échec de communication de la part des chercheurs. Quinze ans après la crise de la fin des années 80, on leur lance encore : "Rappelez vous comment vous nous avez fait marcher avec l'intelligence artificielle" !
Notre contenu "recherche" doit s'inspirer de ce qu'un lecteur nous a confié, un jour : "Vous consacrez 80% de votre surface à ce qui sortira demain, 20% à ce que nous mettons en oeuvre actuellement, et le reste à ce qui existe dans les entreprises et que nous devons faire fonctionner (Cobol, pour être clairs). Pour nous, les proportions sont exactement inverses : 80% de notre temps est pris par l'existant, 20% à mettre en oeuvre de nouveaux projets, et le reste (sic) consacré à l'avenir. "
Hebdo : Si vos lecteurs ont si peu de temps à accorder à la recherche, pourquoi lui dédier une rubrique ?
F.J. : Parce que le même lecteur ajoutait : Vous devriez quand même avoir une rubrique qui s'appellerait "le droit de rêver". C'était une façon de nous dire : j'ai besoin de savoir ce qui se prépare, même si ce n'est pas mon travail de tous les jours;
C'est dans cet esprit que nous avons donc créé la rubrique "Champs libres" il y a deux ans, avec l'objectif d'explorer tous les domaines de la culture et de la consommation, mais toujours sous réserve de les aborder d'un point de vue original : celui du professionnel de l'informatique. Il s'agit d'une somme de journaux "à la manière de" adaptés aux informaticiens.
Pour ce qui concerne la science, le modèle pourrait être Science et Avenir, par exemple. Mais notre approche est bien particulière. D'une part nos lecteurs ont un bon niveau de culture scientifique, ce qui nous permet de ne pas ré-expliquer à chaque fois ce qu'est un électron. D'autre part nous nous intéressons soit à des thèmes proches de l'informatique, soit à la manière dont l'informatique contribue aux autres sciences. Dans notre premier dossier de ce type, nous avons demandé aux astrophysiciens de nous expliquer en quoi c'est l'ordinateur qui leur avait permis de prouver que l'univers est plat. Ils étaient d'ailleurs assez surpris de cette façon de parler de leurs travaux.
Hebdo : Mais parlerez-vous de la recherche en informatique ?
F.J. : Comme toujours, les cordonniers sont les plus mal chaussés... nous avons donc commencé par d'autres disciplines scientifiques. De plus, il est difficile aujourd'hui de définir ce qu'est la recherche en informatique. L'intelligence artificielle, hier thème de recherche, semble aujourd'hui plutôt enfouie dans les produits et les applications.
Pour que la recherche en informatique trouve sa place dans Le Monde Informatique, il faut qu'elle soit à sa place, bien mise en perspective, avec une présentation réaliste de ses débouchés. Chaque fois qu'un journaliste écrit, à tort, que tel axe de recherche va déboucher sur telle ou telle innovation, il se fait peut être plaisir à court terme, mais il fait mal à toute la profession pour le long terme.
La Lettre des SSII ( groupe GRD) rappelle que les difficultés de Sema Group découlent, pour une large part, de sont rachat à un prix jugé trop élevé de LHS, dans l'intention de disposer d'une puissante division télécommunications. Notre confrère ajoute "La pilule doit être d'autant plus amère à avaler pour les dirigeants de Sema que la division télécoms était considérée comme l'un des fleurons de son activité, en très forte croissance et différenciatrice".
On peut le télécharger (format PDF) soit dans une version synthétique, soit dans sa version intégrale.
Le numéro 33 (février 2001) de la lettre d'information
"Sécurité informatique" du Fonctionnaire de défense du CNRS est parue.
Au sommaire de
ce numéro :
- la nécessité pour les institutions de se doter d'une "approche systémique
de la sécurité" ;
- les enjeux de la sécurité des systèmes d'information pour le CNRS ;
- l'état de la sécurité des systèmes d'information au CNRS.
Le Parlement européen a approuvé en deuxième lecture une directive sur les droits d'auteur numériques. Comme prévu, elle garantit aux auteurs la propriété de leurs oeuvres. En revanche, elle prévoit une exception notable qui peut être mise en oeuvre de façon facultative par chaque Etat : le droit de reproduction "à condition que les titulaires de droits reçoivent une compensation équitable". Ce point était au centre de tous les conflits. Les auteurs voulaient un texte plus limitatif sur le droit de copie au grand dame des consommateurs.
On lira aussi la présentation de O1 Net.
(NDLR : nous n'avons pas réussi à trouver le site ou à nous y connecter)
On reconnaîtra dans ce numéro les thèmes classiques de la spécialité : ordonnancement, optimisation, analyse de données. Et le recours à une technique avancée (bien que presque aussi vieille que la RO), la programmation par algorithmes génétiques, avec une application à la découpe en deux dimensions.
Parmi les commentaires publiés, notons ceux du Monde et de Transfert net
"J'ai reçu un coup de fil d'un collègue à propos d'un étudiant. Il estimait qu'il devait lui donner un zéro à une question de physique, alors que l'étudiant réclamait un 20. Le professeur et l'étudiant se mirent d'accord pour choisir un arbitre impartial et je fus choisi.
Je lus la question de l'examen : "Montrez comment il est possible de déterminer la hauteur d'un building à l'aide d'un baromètre."
L'étudiant avait répondu: "On prend le baromètre en haut du building, on lui attache une corde, on le fait glisser jusqu'au sol, ensuite on le remonte et on calcule la longueur de la corde. La longueur de la corde donne la hauteur du building." L'étudiant avait raison vu qu'il avait répondu juste et complètement à la question. D'un autre côté, je ne pouvais pas lui mettre ses points : dans ce cas, il aurait reçu son grade de physique alors qu'il ne m'avait pas montré de connaissances en physique. J'ai proposé de donner une autre chance à l'étudiant en lui donnant six minutes pour répondre à la question avec l'avertissement que pour la réponse il devait utiliser ses connaissances en physique. Après cinq minutes, il n'avait encore rien écrit. Je lui ai demandé s'il voulait abandonner mais il répondit qu'il avait beaucoup de réponses pour ce problème et qu'il cherchait la meilleure d'entre elles.
Je me suis excusé de l'avoir interrompu et lui ai demandé de continuer. Dans la minute qui suivit, il se hâta pour me répondre: "On place le baromètre à la hauteur du toit. On le laisse tomber en calculant son temps de chute avec un chronomètre. Ensuite en utilisant la formule : x=gt2/2, on trouve la hauteur du building."
A ce moment, j'ai demandé à mon collègue s'il voulait abandonner. Il me répondit par l'affirmative et donna presque 20 à l'étudiant. En quittant son bureau, j'ai rappelé l'étudiant car il avait dit qu'il avait plusieurs solutions à ce problème.
"Hé bien, dit-il, il y a plusieurs façon de calculer la hauteur d'un building avec un baromètre. Par exemple, on le place dehors lorsqu'il y a du soleil. On calcule la hauteur du baromètre, la longueur de son ombre et la longueur de l'ombre du building. Ensuite, avec un simple calcul de proportion, on trouve la hauteur du building."
Bien, lui répondis-je, et les autres. "Il y a une méthode assez basique que vous allez apprécier. On monte les étages avec un baromètre et en même temps on marque la longueur du baromètre sur le mur. En comptant le nombre de trait, on a la hauteur du building en longueur de baromètre. C'est une méthode très directe.
Bien sûr, si vous voulez une méthode plus sophistiquée, vous pouvez pendre le baromètre à une corde, le faire balancer comme un pendule et déterminer la valeur de g au niveau de la rue et au niveau de toit. A partir de la différence de g la hauteur de building peut être calculée. De la même façon, on l'attache à une grande corde et en étant sur le toit, on le laisse descendre jusqu'à peu près le niveau de la rue. On le fait balancer comme un pendule et on calcule la hauteur du building à partir de la période de précession."
Finalement, il conclut: "Il y a encore d'autres façons de résoudre ce problème. Probablement la meilleure est d'aller au sous-sol, frapper à la porte du concierge et lui dire: "J'ai pour vous un superbe baromètre si vous me dites quelle est la hauteur du building."
J'ai ensuite demandé à l'étudiant s'il connaissait la réponse que j'attendais. Il a admis que oui mais qu'il en avait marre du collège et des professeurs qui essayaient de lui apprendre comment il devait penser."
PS : Pour l'anecdote, l'étudiant était Niels Bohr et l'arbitre Rutherford. Rutherford - Prix Nobel Chimie vers 1910 Bohr - Prix Nobel Physique en 1922.
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